Nouvelle dimension
Porsche France – Portrait de passionné : Artiste peintre féru d’automobile, Amaury Dubois troque volontiers ses pinceaux contre un appareil photo. Passées dans le kaléidoscope de sa créativité, les Porsche les plus emblématiques prennent une nouvelle dimension.
S’arrêter devant un tableau photographique d’Amaury Dubois, c’est commencer un voyage. Les 356, 993, 911 GT2 RS ou Carrera GT dont on connaît pourtant le dessin par cœur, apparaissent sous un nouveau jour. On y découvre des lignes, des arêtes, des ombres, des détails sur lesquels l’œil n’avait jamais pris le temps de se poser. L’habitacle et le moteur, qui ne se laissent d’habitude dévoiler qu’aux propriétaires, se révèlent pour donner une vision entière d’un modèle, sorte de réalité augmentée imprimée sur plaque de verre. À travers ses créations photographiques, Amaury Dubois nous invite à redécouvrir des modèles iconiques qui prennent ici une nouvelle dimension. Des œuvres nées d’une frustration technique et d’une passion pour Porsche héritée d’un oncle collectionneur.
« L’œuvre est un miracle d’équilibre grâce à l’agencement parfait des différentes pièces. » Amaury Dubois
Amaury n’a que six ans lorsqu’il commence à recopier, en dessin, des livres entiers d’illustrations empruntés à la bibliothèque. Une activité qu’il poursuit toute sa jeunesse et dans laquelle il brille plus que dans les études. « J’ai toujours entendu dire que dessiner n’était pas un vrai métier. J’ai donc essayé de faire des études sérieuses... que j’ai inconsciemment sabotées. Le seul établissement qui a bien voulu m’accepter était une école de design, architecture et photographie. De bon dernier, je suis passé en tête de classe ! » Ses premières œuvres, il les expose en galerie dès l’âge de 20 ans avec une signature esthétique déjà affirmée. Bien que sa technique se soit perfectionnée au cours du temps, son style est toujours le même aujourd’hui. Il pourrait être rapproché de différents courants de peinture mais le terme de « courbisme », utilisé par l'artiste lui-même, est celui qui le définit le mieux. S’il peint toujours sur toile, à l’huile, Amaury aime également libérer son art de la contrainte d’un tableau. Il réalise ainsi des fresques murales et vient d’achever une œuvre monumentale de 600 m2 qui orne la voute d’une église de La Rochelle.
Le recours à la photographie est venu d’une frustration technique imposée au peintre. Amaury cherche alors à représenter les plages de sa région. « Avant de peindre les dunes du Nord, j’ai pensé à tous ces oyats, ces grains de sable, à l’écume, qui constituaient un immense défi technique pour que l’ensemble ressemble à quelque chose. Je me suis donc servi de la photo comme d’un médium. » C’est, pour lui, le même cheminement de pensée, la même écriture que pour la peinture. « Lorsque je choisis un lieu, je le photographie sous tous les angles, dans toutes les lumières et avec tous les détails, car quand je pense aux plages du Nord, il n’y a pas qu’une seule image qui me vient à l’esprit. » Des centaines de photos qui sont ensuite savamment assemblées. En découle une nouvelle réalité qui offre, sur un même plan, globalité et détails.
Cette technique, l’artiste a rapidement eu envie de l’appliquer aux voitures. « J’aime beaucoup l’art russe du début du XXe siècle, comme les œuvres de Sonia Delaunay, et le futurisme avec toutes ces pièces mécaniques mises en tableau. Je voulais faire des choses dans ce style mais en photo. Parallèlement à ça, j’ai toujours aimé l’automobile et Porsche en particulier. J’ai un oncle collectionneur de la marque dont les voitures ont bercé mon enfance. » Ce monde automobile, a priori éloigné de la peinture, est en réalité très proche. « Une voiture, quand on la regarde, emmène dans une époque et un lieu. Comme un tableau. Quand je regarde une 356, je me retrouve en Allemagne dans les années 50. C’est un vrai voyage temporel et c’est ce que j’aime exprimer en faisant ressortir le moindre détail comme si le passé, le présent et le futur étaient fixés en un seul et même instant. »
Pour réaliser ses œuvres photographiques, Amaury débute par une minutieuse séance de shooting. Il ne presse pas un tube de peinture mais le bouton de son appareil pour capturer pas moins de 500 images en multipliant les angles, les lumières, isolant chaque détail. « Derrière une voiture, il y a des gens qui ont travaillé ; derrière un phare ou une aile, beaucoup de personnes ont mis leur savoir-faire. C’est ce que je cherche à sublimer. L’œuvre est pour moi comme un château de cartes : un miracle d’équilibre grâce à l’agencement parfait des différentes pièces. Comme une voiture. » L’imagination de l’artiste et les possibilités offertes par le montage permettent de faire apparaître, sur le même plan, la carrosserie, un bout d’habitacle ou un morceau de moteur. « Chaque voiture a été pensée comme un ensemble. C’est une façon pour moi de montrer toute sa richesse. J’aime travailler les détails d’un seuil de porte, des surpiqûres sur le volant ou du moteur. La photo condense tout ce que l’œil verrait en faisant le tour de la voiture, en ouvrant les portes et le capot. » Une fois la matière brute réunie, il faut donner naissance à l’œuvre elle-même. Commence alors le processus de création et la quête du puzzle parfait.
Ses muses, Amaury va les puiser au fond de sa mémoire, en représentant les modèles de son enfance. Porsche y tient une place à part. « Ça fait partie des marques autour desquelles j’adore créer. D’abord pour cette façon de dessiner une ligne avec à la fois constance et nuances. Une Porsche se reconnaît au premier coup d’œil parmi d’autres marques, mais chaque modèle de la marque est aussi spécifique et identifiable. Il y a un côté intemporel qui fait écho avec mon travail qui cherche à fixer le temps. J’aime aussi la dimension très technique et très pointue qui se dégage. On sent que le but est de repousser toujours plus loin les limites. C’est ce qu’on essaie tous de faire dans notre métier. » L'artiste à la notoriété grandissante est également contacté par des clients, séduits par son style, et désireux d'immortaliser un de leurs modèles ou leur collection entière. Parmi les belles rencontres qu’il a faites, Amaury se souvient particulièrement de cet américain qui lui a passé une grande commande de tableaux représentant sa collection, en vue d’habiller les murs de son garage de 1 000 m2.
La prochaine œuvre sur laquelle travaille Amaury est la 911 Speedster. C’est à l’occasion de sa rencontre avec Christophorus qu’il a eu l’opportunité de shooter l’ultime déclinaison de la 991… mais aussi de la conduire. « Les sensations sont dingues. J’ai eu l’impression que la voiture était un prolongement de moi-même. Elle est vive dans ses réactions comme s’il suffisait de penser à tourner pour qu’elle le fasse. Le volant pour un pilote est un peu comme le pinceau pour un peintre : il fait partie de l’artiste de telle sorte qu’il oublie l’outil pour se concentrer sur le résultat. » Et lorsqu’on lui demande quel est son rêve automobile, il répond sans l’ombre d’un doute : « Il vient de changer aujourd’hui ! Le Speedster offre un plaisir de conduite intense même sans rouler vite. Lui et moi, on se ressemble en quelque sorte : vif et nerveux de nature mais tout en appréciant des moments plus calmes et apaisés. J’aime aussi la ligne d’une grande pureté d’une 993, le côté OVNI d’une 918 Spyder, sans renier non plus la bestialité d’une GT40 ou d’une F40. J’ai des goûts simples finalement ! »
Toujours en quête de nouvelles rencontres esthétiques, Amaury est loin d’avoir immortalisé toutes les voitures qui occupent son imaginaire. « J’ai déjà eu la chance de réaliser des œuvres sur de nombreuses sportives mythiques mais il m’en manquera toujours. J’aimerais travailler sur des modèles de course. Plus encore que d’autres, ils emmènent dans un lieu, à une époque et souvent au contact d’une personne, le pilote. J’ai eu l’occasion de visiter le musée Porsche à Stuttgart et j’ai pris une claque. Le bâtiment, la scénographie, les modèles, tout force le respect. Ce serait un rêve de pouvoir réaliser des œuvres autour d’un thème comme les 24 Heures du Mans et de les exposer ensuite dans ce lieu d’exception. » En attendant de réaliser peut-être ce rêve, Amaury continuera d’alimenter ceux des épicuriens de l’automobile, avec un talent rare et une passion entière.
Toutes les œuvres d’Amaury Dubois sont à retrouver sur le site www.art-photo-car.com/fr/
Consommation et émissions
718 Cayman GT4 RS
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13,0 l/100 km
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295 g/km
911 Dakar
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11,3 l/100 km
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256 g/km