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La pole position décrochée par l’Autrichien Benjamin Karratsch lors de l’édition 2035 des 24 Heures du Mans est restée dans les annales. À l’époque, les 13,629 km du circuit de la Sarthe sont équipés depuis trois ans déjà d’un système à induction qui permet de générer des champs électromagnétiques sur toute la longueur du circuit : cette technologie n’en est alors qu’à ses débuts.

Pour les qualifications, toutes les voitures alignées sur la grille de départ sont dotées d’une motorisation électrique. Porsche est opposé à quatre autres constructeurs dans la catégorie reine LMP1-A, réservée aux voitures autonomes sans pilote. Par ailleurs, une 925 E est engagée dans la catégorie LMP1-HS (Homo sapiens) à des fins de recherche appliquée. Alourdie par le poids du pilote Benjamin Karratsch et des équipements de commande et de sécurité, la voiture part avec un lourd handicap. Mais grâce au poids plume de l’Autrichien (50 kg) et à l’efficacité de sa combinaison macromoléculaire à absorption d’énergie, le handicap de la voiture n’est que de 100 kg, affichant sur la balance le poids imposé par le règlement de la catégorie LMP1-A. Si la 925 E bénéficie des mêmes conditions que ses concurrentes, elle termine tout de même derrière les cinq modèles LMP1-A au terme d’une première manche qualificative pluvieuse.

Benjamin Karratsch signe la dernière victoire en date d’un pilote humain contre une machine.

Il fait déjà nuit quand commence la deuxième manche des qualifications. Le circuit a séché : les performances de la veille sont déjà de l’histoire ancienne. Benjamin Karratsch sort des stands en troisième position. Derrière lui, deux LMP1-A sont à l’affût. Dès le tour de chauffe, le pilote remarque que ses capteurs arrière ne détectent que la nuit noire. Il interroge le stand pour savoir où sont les voitures concurrentes. « Alerte de sécurité 1 et 3, autorisation refusée, les deux voitures sont au stand. » L’annonce réjouit le pilote de 22 ans : avec deux LMP1-A en moins, la troisième place est à portée de main. Le prototype à transmission intégrale avale la première chicane, passe la passerelle Dunlop, enchaîne dans le Tertre Rouge. En sortie de courbe, elle déploie ses 2000 Nm sur les Hunaudières pour atteindre 352 km/h. Soudain, coup de théâtre : à l’approche de la deuxième chicane, un renard surgit sur le circuit alors que la LMP1-A de tête arrive à pleine vitesse. La caméra thermique de la voiture autonome détecte l’animal et déclenche la commande « éviter à tout prix », mais le renard change de direction, forçant la LMP1-A à une manœuvre d’évitement. La roue arrière droite touche la bordure : la voiture fait un tonneau et termine les roues en l’air. La deuxième LMP1-A arrive à la chicane : sur la droite, un renard terrorisé, et sur la gauche, la voiture de tête retournée sur l’asphalte. La LMP1-A fait une embardée et percute une barrière de sécurité dans une gerbe d’étincelles. Quand Benjamin Karratsch arrive au niveau de l’accident, le renard a détalé : la voie est libre. La 925 E franchit la ligne d’arrivée avec un chrono de 3 minutes, 11 secondes et 911 millièmes. En remportant la pole position, Benjamin Karratsch signe la dernière victoire en date d’un humain contre une machine : lors de la course, le jeune pilote devra pourtant s’incliner.